Le gouvernement a fait du harcèlement scolaire une priorité. D’après un rapport du Sénat, 800 000 à 1 million d'élèves en seraient victimes durant leur cursus, soit entre 6 à 10 % d’entre eux. Les agressions, verbales ou physiques, ont des conséquences désastreuses sur le quotidien des enfants comme des adolescents. Dans les écoles, collèges et lycées, des dispositifs ont donc été mis en place pour sensibiliser et lutter contre le harcèlement scolaire. L’objectif : protéger chaque élève.
Qu’est-ce que le harcèlement scolaire ?
« Le harcèlement est défini comme étant une violence répétée qui peut être verbale, physique ou psychologique », précise le ministère de l’Éducation nationale sur son site. Au sein de l’école, et souvent même en dehors, la victime peut souffrir d’humiliations, de moqueries ou d’insultes venant d’un ou plusieurs camarades. L’enfant ou l’adolescent visé par ces agressions incessantes se retrouve alors isolé, dans l’incapacité de se défendre.
Le harcèlement peut se baser sur de nombreux facteurs, comme l’apparence physique, un handicap, un centre d’intérêt, etc. Avec l’omniprésence des réseaux sociaux, il est facile pour les bourreaux de continuer les brimades en ligne. C’est ce que l’on appelle alors le cyberharcèlement.
Selon une enquête Depp réalisée en 2021, 2,6 % d’élèves subissent des violences répétées. Au collège, la proportion est bien plus importante avec 5,6 %. Ils sont 1,3 % à en faire part au lycée.
Quels sont les dispositifs mis en place dans les écoles ?
« Aucun élève ou étudiant ne doit subir de faits de harcèlement résultant de propos ou comportements, commis au sein de l’établissement d'enseignement ou en marge de la vie scolaire ou universitaire et ayant pour objet ou pour effet de porter atteinte à sa dignité, d’altérer sa santé physique ou mentale ou de dégrader ses conditions d’apprentissage », indique le Code de l’éducation. De tragiques évènements ont incité le gouvernement à faire de la prévention et la lutte contre le harcèlement scolaire des enjeux majeurs. En plus de campagnes de communication, il a lancé ou mis l’accent sur différents dispositifs.
Le programme pHARe
Le programme pHARe, instauré en 2021, s’est généralisé dans tous les établissements (écoles, collèges et lycées) depuis la rentrée 2023. Il s’agit d’un plan de prévention du harcèlement et du cyberharcèlement organisé autour de plusieurs piliers. Concrètement, il consiste à mieux identifier et gérer les situations de harcèlement. Pour ce faire, une équipe est rassemblée dans chaque établissement et formée. 400 référents académiques et départementaux ont également été nommés. Un protocole a été élaboré pour agir rapidement en faisant intervenir des professionnels (enseignants, psychologues, etc.), mais aussi la famille.
En outre, les élèves, collégiens et lycéens sont sensibilisés à la question du harcèlement et doivent suivre 10 heures d’apprentissage réparties au cours de l’année.
Des numéros pour aider les victimes
Deux numéros gratuits existent pour aider les victimes de harcèlement scolaire : le 3020 et le 3018. Le 3020 est joignable du lundi au vendredi (sauf jours fériés) de 9h à 20h et de 9h à 18h le samedi. Les élèves, mais aussi la famille et les enseignants peuvent le contacter pour trouver une oreille attentive et des solutions à des situations complexes. Les conseillers qui répondent ont reçu une solide formation. Lorsqu’ils identifient une forme de harcèlement, ils sont habilités à contacter un référent harcèlement de l’Éducation nationale, à condition d’avoir l’accord de l’appelant.
Le 3018 est un numéro vert national dédié au cyberharcèlement. Les victimes et les témoins sont invités à joindre ce numéro, accessible tous les jours de la semaine, de 9h à 23h. Au bout du fil, l’équipe composée de juristes, psychologues ou informaticiens se relaie pour prendre en charge chaque situation. Sachez que ces professionnels peuvent réaliser les démarches afin d’obtenir le retrait de contenus en ligne, sur les réseaux sociaux par exemple.
Vous êtes victime de harcèlement scolaire : comment agir ?
À l’école, vos camarades font preuve de méchanceté (bousculades, vol de vos affaires, moqueries, etc.) en classe ou pendant la récréation ? Ce type de comportement peut être douloureux. Vous ne devez alors pas hésiter à en parler autour de vous, que ce soit à votre professeur, un ami ou votre famille. Ne restez pas seul et demandez du soutien.
Si vous êtes au collège ou au lycée, le harcèlement peut se poursuivre par SMS ou sur les réseaux sociaux. De même, il est important de ne pas affronter ces brimades seul. Prévenez un proche ou contactez un professionnel au 3020 (3018 s’il s’agit majoritairement de cyberharcèlement). Ce dernier pourra intervenir en signalant la situation aux personnels de l’établissement ou au référent harcèlement. Pensez également à conserver des preuves des agissements de votre bourreau (captures d’écran, par exemple). L’auteur sera interrogé et risque des sanctions disciplinaires.
Si la situation s’aggrave, n’essayez pas de résoudre les choses par vous-même en utilisant la violence. L’intervention d’une tierce personne, qui joue le rôle de médiateur, est souvent indispensable pour apaiser les tensions.
Votre enfant est victime de harcèlement ? Que faire ?
Votre enfant est la cible de ses camarades ? Jour après jour, son état se dégrade et il ne souhaite plus se rendre en cours ? Soyez à l’écoute et rassurez-le. En parallèle, prévenez le directeur de l’école, du collège et du lycée et prenez rendez-vous avec lui. Vous devrez lui exposer les violences subies par votre enfant. Il aura alors pour mission de mener l’enquête et de prendre les mesures nécessaires pour faire cesser le harcèlement. Vous pourrez régulièrement demander un état des lieux pour savoir si les actions mises en place fonctionnent. Vous avez aussi la possibilité de contacter un délégué de parents d’élèves ou de joindre le 3020.
Si votre enfant est victime de cyberharcèlement, alors vous pourrez intervenir en signalant les messages et commentaires lui portant atteinte. En cas de difficultés, connectez-vous à la plateforme Pharos, disponible sur internet-signalement.gouv.fr, et complétez le formulaire.
Harcèlement scolaire : quelles sont les sanctions ?
Le Code pénal punit sévèrement le harcèlement scolaire depuis peu. C’est une loi publiée au Journal Officiel le 3 mars 2022 qui fait du harcèlement perpétré dans le cadre scolaire un délit. Les bourreaux encourent désormais une amende de 45 000 € et 3 ans de prison lorsque les brimades ont entraîné une incapacité totale de travail inférieure ou égale à 8 jours. Si la victime se retrouve dans l’incapacité de travailler pendant plus de 8 jours, alors l’amende passe à 75 000 €. Quant à la peine de prison, elle grimpe à 5 ans.
Lorsque le harcèlement scolaire a conduit au suicide ou à une tentative de suicide, les peines se durcissent : 150 000 € d’amende et 10 ans d’emprisonnement.
Dans les établissements, les professionnels sont également tenus d’instaurer des sanctions disciplinaires lorsque la situation l’impose. Il peut s’agir d’avertissements, de blâmes ou d’exclusions, qu’elles soient temporaires ou définitives.
La prévention du harcèlement scolaire implique la sensibilisation, l'éducation des élèves et du personnel scolaire, ainsi que la promotion d'un environnement scolaire inclusif et bienveillant. Des programmes anti-harcèlement, des ateliers et des campagnes de sensibilisation peuvent être mis en place.
Il est essentiel de prendre au sérieux les préoccupations de votre enfant. Écoutez-le attentivement, encouragez-le à en parler à un enseignant ou un conseiller scolaire, et signalez la situation à l'école. Documentez les incidents et gardez une communication ouverte avec l'école pour suivre la résolution du problème.
Les écoles doivent avoir des politiques anti-harcèlement en place. En général, elles mènent des enquêtes sur les allégations de harcèlement, prennent des mesures disciplinaires si nécessaire, fournissent un soutien aux victimes et mettent en œuvre des programmes de sensibilisation.
Les parents peuvent jouer un rôle actif en surveillant les signes de harcèlement, en encourageant la communication avec leurs enfants, en signalant les incidents à l'école et en soutenant leurs enfants tout au long du processus de résolution.
Après un cursus dans l'édition, je me suis tournée vers la rédaction par passion. Puis l'envie d'informer et de décrypter l'actualité est venue naturellement. Avec un clavier, toujours entre les mains, j'espère réussir à accompagner du mieux possible les citoyens dans la réalisation de leurs démarches administratives.