Sous l’effet du variant Delta, la situation sanitaire s’est dégradée en France métropolitaine et en outre-mer. Face à l’urgence, un Conseil de défense sanitaire a été convoqué, suivi d’un Conseil des ministres exceptionnel, ce mercredi 11 août 2021. Au menu de ces deux réunions : l’explosion des contaminations aux Antilles, le bilan des premiers jours de mise en œuvre du pass sanitaire et la question de la 3e dose de vaccin pour les personnes fragiles et les seniors.
La 3e dose de vaccin au cœur des discussions
« La crise sanitaire n’est pas derrière nous », a rappelé Emmanuel Macron en préambule du Conseil de défense sanitaire qui s’est tenu ce mercredi 11 août. Même si la campagne vaccinale se poursuit à un rythme soutenu en France, le très contagieux variant Delta continue sa progression. Compte tenu de la menace, la question d’une 3e dose a fait son chemin.
Dans un avis rendu le 16 juillet 2021, la Haute Autorité de Santé (HAS) validait l’injection d’une dose de rappel pour les plus vulnérables et les plus âgés, écartant cette option pour le reste de la population. La semaine dernière, le président de la République s’était lui aussi montré favorable à l’organisation d’une campagne de rappel pour les personnes fragiles et les seniors au cours d’une intervention sur les réseaux sociaux.
Pour mettre fin au débat, la 3e dose a fait l’objet d’un arbitrage lors du Conseil de défense sanitaire. Quelques heures avant son ouverture, le président du Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale, Alain Fischer, confirmait sur Franceinfo : « nous avons proposé que dès la rentrée, les personnes les plus vulnérables et les malades extrêmement fragiles puissent bénéficier d’un rappel très vite, sans attendre ».
En France, une 3e dose est déjà administrée aux personnes immunodéprimées. La Direction générale de la Santé la recommande depuis avril. Elle concerne les patients atteints de certains types de lymphomes, de leucémie lymphoïde chronique, ayant reçu une transplantation d’organe, sous chimiothérapie lymphopéniante, traités par des médicaments immunosuppresseurs forts ou encore les personnes dialysées chroniques.
Une campagne de rappel pour les plus de 80 ans et les personnes vulnérables à partir de la mi-septembre
À partir de la mi-septembre, une campagne de rappel sera mise en place à destination des plus de 80 ans et des personnes vulnérables. Les plus de 80 ans résidant en Ehpad, touchés de plein fouet par l’épidémie de Covid-19, sont les principaux concernés. Dans les Ehpad, les soignants comme les résidents sont prêts à franchir cette nouvelle étape.
Quel est l’intérêt de la 3e dose ?
L’éventuelle 3e dose de vaccin suscite le débat au sein des communautés scientifiques depuis plusieurs semaines. La théorie dominante est la suivante : l’immunité acquise avec la vaccination tendrait à diminuer avec le temps, en particulier chez les personnes âgées et celles qui sont immunodéprimées. La 3e dose permettrait de faire remonter le taux d’anticorps et ainsi mieux protéger les plus fragiles, qui peuvent être exposés à des souches plus contagieuses.
« Les rendez-vous ouvriront dès la fin du mois d'août », a confirmé le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, à la suite du Conseil de défense.
Dans quels pays la 3e dose est-elle déjà de rigueur ?
Plusieurs pays ont déjà donné leur accord pour l’injection d’une 3e dose de vaccin. Israël a le plus d’avance puisque le pays a lancé vendredi une campagne en faveur de cette 3e dose pour les plus de 60 ans.
Outre Israël, l’Allemagne compte proposer l’administration d’une dose de rappel pour les personnes âgées, qui résident notamment dans des établissements de santé, et les patients dont le système immunitaire est affaibli dès le 1er septembre. La Suède prévoit également d’organiser une campagne de rappel en 2022 en commençant les injections dès l’automne pour la population vulnérable.
Le Royaume-Uni et les États-Unis débattent encore sur la possibilité d’injecter une 3e dose à certains groupes de personnes.
Or, l’OMS qui dénonce l’inégal accès au vaccin depuis des mois craint d’aggraver la situation. Car l’administration d’une dose supplémentaire de vaccin ne doit pas se faire aux dépens des pays défavorisés. De son côté, le groupe Pfizer/BioNtech préconise la 3e dose, une solution qu’il juge préférable à l’adaptation du vaccin face aux variants.