Suite à une étude de 60 millions de consommateurs dont les résultats montraient la présence systématique de substances toxiques et potentiellement dangereuses dans les couches pour bébés, l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire), saisie par la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes), a mené des analyses qui conduisent aujourd’hui le gouvernement à exiger des fabricants la réduction de l’utilisation de parfums ou de substances toxiques dans les couches pour bébés. Un point sur la situation.
Substances détectées dans les couches
Mercredi 23 janvier 2019, l’Anses a publié un avis concernant les couches pour bébés jetables après avoir réalisé une série de tests sur 23 références de plusieurs marques. Il a été mis en évidence « des dépassements de seuils sanitaires pour plusieurs substances chimiques ».
En vertu des risques qu’elles peuvent constituer pour la santé des enfants, elle préconise « d’éliminer ou de réduire au maximum leur présence dans les couches jetables ». En outre, l’agence préconise un renforcement des contrôles de ces substances dans les produits disponibles à la vente et invoque « la nécessité d’un cadre réglementaire plus restrictif » concernant la fabrication des couches.
Les substances identifiées dans les protections infantiles, dont les taux dépassent ceux autorisés et qui sont potentiellement dangereuses, sont principalement des « substances parfumantes (butylphényl méthyle propional ou lilial®, hydroxyisohexyl 3-cyclohexène carboxaldéhyde ou lyral®), ou des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) », comme le PCB-126, des PCB-DL, des dioxines, ou des furanes et PCB-DL ». La présence de ces résidus chimiques peut être liée aux procédés de blanchiment ou aux matières premières utilisées.
« On [a calculé] une quantité absorbée en fonction du temps de port de couche, du nombre de couches portées par les bébés, jusqu’à 36 mois, et on [l’a comparé] à des valeurs toxicologiques de référence pour chacune des substances », a expliqué Gérard Lasfargues, le responsable de l’Agence nationale de sécurité sanitaire, sachant qu’un bébé portera en moyenne entre 3 800 et 4 800 couches avant d’être propre.
Les tests ont été réalisés « anonymement » sur 23 marques parmi les plus vendues, et selon M. Lasfargues, « la contamination concerne tous types de couches, y compris les couches dites écologiques ».
Le gouvernement donne « quelques mois » aux industriels pour modifier leurs procédés de fabrication
Les industriels ont été convoqués en urgence à Bercy par les ministres de l’Économie, de la Santé et de la Transition écologique qui exigent « sous 15 jours » un plan d’action ayant pour objectif l’élimination de ses substances dans les couches jetables.
« Il est évident que nous ne tolèrerons pas que ça dure pendant des mois et des mois », a insisté Agnès Buzyn, qui parle d’un délai de « quelques mois », « six mois » environ, pour qu’ils modifient leur processus de fabrication en vue d’arriver à une réduction de ces substances toxiques.
La DGCCRF a prévu de renforcer les contrôles en 2019 et la France œuvrera à l’élaboration de seuils de toxicité pour ces produits, seuils qui n’existent pas à l’heure actuelle. Elle devrait aussi demander au Parlement européen des règles plus « protectrices ».
Agnès Buzyn rassure les parents
« Je tiens à rassurer les parents, l’Anses dit bien qu’il n’y a pas de risque immédiat pour la santé des enfants », a déclaré la ministre de la Santé. « Il faut continuer évidemment à mettre des couches à nos bébés ». Elle a toutefois reconnu le risque potentiel « sur le long terme ».
« Nos couches sont sûres et l’ont toujours été », a assuré l’entreprise Pampers, un des leaders sur le marché. « Nous avons déjà mis en place les recommandations formulées par le rapport », a-t-elle certifié dans un communiqué.
Quant à la présidente de la marque française Joone, Carole Juge-Llewellyn, elle a déclaré être « extrêmement satisfaite » du rapport de l’Anses, ayant assuré que sa marque avait été créée dans le but de « répondre à cette problématique d’opacité » qui est de mise dans cette industrie. La chef d’entreprise a déclaré aux journalistes « avoir bon espoir que le marché [sera] tiré vers le haut et que d’ici deux à trois ans on [aura] un marché totalement transparent ».
60 millions de consommateurs approuve l’avis de l’Agence de santé sanitaire et souhaite que des changements rapides soient instaurés. « Il faudrait pour les bébés que ça ne traîne pas trop », a déclaré Benjamin Douriez le rédacteur adjoint de l’association.
Le rapport de l'Anses.