La municipalité bordelaise, qui voit 35 millions de tonnes de mégots par an joncher ses espaces publics et connait la pollution qu’ils engendrent, a fait appel à l’entreprise sociale EcoMégot pour les collecter et les recycler. Le point sur ce défi écologique.
Les filtres de cigarette sont très polluants
EcoMégot qui a été choisie par la Ville de Bordeaux pour donner une seconde vie à ces déchets explique au travers d’une courte vidéo sur son site web les enjeux de leur démarche.
Les mégots de cigarette, au-delà de leur saleté, de leur odeur et de leur désagréable multiplication sur les trottoirs et places de nos communes, finissent souvent leur vie dans la Nature s’ils n’ont pas été récoltés et recyclés de façon appropriée.
Un filtre de cigarette met environ 12 ans à se dégrader dans la Nature, en y répandant pas moins de 2 500 substances toxiques. Ces substances toxiques sont notamment à l’origine de 16 % des incendies de forêt. Les mégots finissent souvent leur vie dans l’océan où ils sont régulièrement ingérés par des animaux. Ils détruisent également leur habitat, la flore marine : un seul mégot suffit à polluer jusqu’à 500L d’eau.
EcoMégot a été choisie pour se charger du problème des mégots
EcoMégot a été créée en 2016 et s’occupe déjà de vider les cendriers de l’espace public de la Ville de Bordeaux. Ils viennent vider les cendriers à vélo, 90 cendriers par semaine, soit un total de 85 kg, environ 425 000 mégots.
Bordeaux prévoit d’étendre le dispositif sur sa rive droite, quartier Bastide, où une cinquantaine de cendriers EcoMégot vont être installés. Ces points de collecte seront accompagnés d’information pour promouvoir ce défi et sensibiliser les habitants. Bastide pourrait bientôt être le « premier quartier zéro-mégot de France ».
Quelle solution pour les recycler ?
« On attend d’avoir 4 millions de mégots (...) pour légitimer le développement de l’outil industriel », prévient Erwin Faure, fondateur d’EcoMégot. En attendant, les mégots collectés sont stockés dans ses locaux. L’entreprise travaille avec des instituts et des laboratoires pour développer une solution de recyclage au niveau local.
La phase la plus délicate de ce recyclage, c’est la dépollution des filtres. Ils sont constitués d’acétate de cellulose. Il s’agit d’un plastique qui peut être retransformé en palettes, en jardinières, en mobilier…
« Notre objectif est bien d’aller vers la valorisation matière pour construire des objets constitués à 100 % de plastique issu des mégots, pas de diluer 1 % de mégots dans d’autres plastiques », a précisé M. Faure.
« Notre objectif est qu’il y ait 800 points EcoMégot à Bordeaux d’ici 3 ans pour que le geste de tri devienne un réflexe pour tous les fumeurs », a-t-il ajouté.
D’autres municipalités auraient déjà fait connaitre leur intérêt pour le dispositif.