La HAS (Haute autorité de santé) a publié un guide à l’usage des médecins pour les assister dans la prescription d’une activité physique. Il contient des préconisations précises pour 6 maladies chroniques courantes : surpoids et obésité, diabète de type 2, hypertension artérielle, bronchopneumopathie chronique obstructive, maladie coronaire stable et accidents vasculaires cérébraux. Mais pourquoi la diffusion de ce guide est-elle si importante ?
La peur de l’accident
Selon le cardiologue François Carré, « le sport fait peur ». En effet, de nombreux médecins préfèrent être prudents et ne se risquent pas à prescrire une activité physique à leurs patients, souvent par peur d’un accident cardiaque, alors qu’en réalité « le risque est infime et les bienfaits largement supérieurs ».
Il rappelle également que le test d’effort n’est pas du tout « une assurance tout risque » et qu’il ne devrait concerner que les patients à risque cardiovasculaires élevés qui souhaitent pratiquer une activité physique intense.
« La question de l’intensité est importante », rappelle toutefois Alexandre Feltz, médecin généraliste et en charge des politiques de santé de la ville de Strasbourg. « Il n’y a quasiment aucune contre-indication à une activité légère ou modérée telle que marche active ou vélo », ajoute-t-il.
Grâce au guide publié par la HAS, les médecins disposent à présent d’outils pratiques comme un questionnaire d’aptitude et une grille d’évaluation des risques et de la condition physique, leur permettant d’évaluer avec précision quel type d’activité physique recommander à leurs patients, la fréquence, la durée et l’intensité.
Le sport prescrit est mieux suivi, même lorsqu’il n’est pas remboursé
C’est depuis que la loi sur la modernisation du système de santé a été votée que les médecins sont invités à prescrire une activité physique à leurs patients.
Dominique Le Guludec, présidente de la HAS y voit un intérêt indéniable : « même non remboursée, une activité physique est mieux suivie si elle fait l’objet d’une prescription écrite ».
Le Dr Martine Duclos, médecin du sport et diabétologue, précise quant à elle à quel point la pratique d’une activité sportive peut aider un patient à aller mieux, notamment grâce aux contacts sociaux qu’elle génère et aussi parce qu’elle permet le développement d’une meilleure estime de lui-même.
« Nous passons en moyenne 12 h par jour assis ! » déplore-t-elle, alors que l’OMS (Organisation mondiale de la santé) conseille 30 minutes d’activité modérée 5 fois par semaine. Mais « déjà avec dix minutes, on diminue de 15 % la mortalité précoce ».
Des villes s’engagent pour la santé de leurs habitants
Strasbourg a été une ville pionnière dans la prescription d’activité physique : dès 2012, 350 médecins prescrivaient une activité sportive à quelques 2 500 de leurs patients en s’appuyant sur un réseau d’associations, d’éducateurs du sport, de kinés, de psychomotriciens, etc. La ville a fait en sorte que la première année de pratique sportive ne coute rien à certains patients diabétiques, obèses, ou atteints de cancers du foie ou du côlon, d’hypertension, de maladies cardiovasculaires, du sida, ainsi qu’aux personnes âgées fragilisées.
Environ 60 autres villes se sont engagées auprès de l’OMS dans le réseau des villes santé. Parmi elles, Caen, Biarritz ou Dunkerque qui souhaitent aussi voir l’activité physique remplacer certains médicaments, mais qui reconnaissent « avoir un problème de financement » comme l’explique le Dr Feltz.
Ces villes réclament comme à Strasbourg, « que la sécurité sociale s’engage » financièrement aux côtés des organismes tels que les collectivités territoriales, les mutuelles ou les hôpitaux. La « stratégie nationale sport santé » qui doit être définie en 2019 devrait inclure les solutions du gouvernement à certaines problématiques.
Enfin, la HAS devrait bientôt étendre ses préconisations en matière de pratique d’une activité physique modérée à d’autres pathologies. Un peu de sport serait bénéfique à d’autres formes de « cancers, aux personnes souffrant d’insuffisance cardiaque chronique ou de dépression, ainsi qu’aux personnes âgées et aux femmes enceintes ».