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16 centres de prise en charge de douleurs chroniques menacés de fermeture faute de médecins spécialisés

L’Académie de Médecine alerte les autorités du risque de fermeture de certaines « structures spécialisées douleurs chroniques » (SDC) faute d’avoir suffisamment de médecins formés à cette spécialité et explique la nécessité de ces structures pour la prise en charge de nombreux patients qui souffrent de douleurs chroniques au quotidien. Qu’en est-il ?
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Actuellement, près de 20 millions de Français sont contraints de vivre avec des douleurs chroniques. La cause de ces douleurs ainsi que la manière la plus appropriée de les prendre en charge sont parfois difficiles à déterminer. C’est pourquoi il est nécessaire que les personnes souffrantes puissent avoir accès à des SDC (« Structures spécialisées douleurs chroniques »). Cependant, ces centres sont aujourd’hui menacés en raison du manque de médecins qualifiés pour remplacer ceux qui vont partir à la retraite d’ici 2025. Un point sur la situation.

16 centres de prise en charge de douleurs chroniques menacés de fermeture faute de médecins spécialisés

16 « structures spécialisées douleurs chroniques » menacées de fermeture d’ici 2025

En France, on compte actuellement 206 centres de consultations douleur et 67 structures dédiées à la prise en charge de douleurs chroniques. 16 de ces établissements sont aujourd’hui menacés faute de pouvoir former des professionnels à la médecine de la douleur et des soins palliatifs (une spécialité enseignée par seulement 4 professeurs en France), ou « du fait de non-renouvellements de postes médicaux », apprend-on dans le rapport de l’Académie de Médecine.

Autre sujet d’inquiétude, le remplacement possible du diplôme d’études « médecine de la douleur et médecine palliative » en 2 ans par une « formation spécialisée transversale d’un an seulement ».

Parallèlement, les demandes de consultations ne cessent d’augmenter. Les « structures spécialisées douleurs chroniques » permettent de prendre en charge près de 5 000 patients par centre chaque année, et les patients doivent attendre en moyenne 3 mois pour pouvoir obtenir un rendez-vous.

« C’est une catastrophe. Les pionniers vont partir ou sont partis, il y a un manque de successeurs et plusieurs centres de la douleur sont menacés de fermeture », a déclaré le professeur Patrice Queneau, coauteur d’un rapport alarmant de l’Académie de médecine sur les douleurs chroniques.

L’importance du traitement des douleurs chroniques

Les centres antidouleurs sont nécessaires pour les 4,2 millions de personnes en France qui sont assaillies par des « douleurs rebelles, invisibles à l’examen », et dont il est parfois difficile d’en déterminer la cause. Certaines douleurs sont également dues à des maladies incurables dont on ne peut qu’alléger les symptômes.

« Il y a une petite dizaine de maladies pour lesquelles on n’a pas d’explications, tous les examens sont normaux, ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’anomalie », explique le Pr Queneau, par exemple « les fibromyalgies, les douleurs chroniques aux coccyx, les vessies interstitielles (une envie d’uriner jusqu’à 25 fois par jour), l’intestin irritable, les névralgies faciales, les céphalées quotidiennes, etc. ». « On voit beaucoup de malades en errance à la recherche d’un médecin qui les écoute, et plus encore qui les croit », ajoute-t-il.

Une approche pluridisciplinaire au service du patient

Dans les SDC, des neurologues, des rhumatologues, des psychologues, des infirmiers et d’autres professionnels travaillent de concert pour assurer une meilleure prise en charge du patient, dont le suivi peut parfois durer plusieurs mois. C’est par exemple le cas pour les personnes migraineuses « qui souffrent de céphalées quotidiennes » provoquées par une consommation excessive de triptans (traitements contre la migraine). Ces dernières doivent parfois être hospitalisées pour pouvoir cesser la prise de ces médicaments.

D’autres problèmes médicaux nécessitent des thérapies ou des traitements longs qui ne sont pas suffisamment pris en charge par la médecine courante. C’est notamment le cas pour les personnes qui ont été soignées pour un cancer qui peuvent garder des séquelles telles que des douleurs persistantes et chroniques difficiles à traiter.

« Combien de femmes sont guéries de leur cancer du sein, mais gardent une douleur à l’épaule ou au bras, voire au sein alors qu’il a été enlevé, ce qu’on appelle le sein fantôme », interroge le Pr Queneau.

Les patients sont généralement envoyés dans des SDC par leur médecin généraliste lorsque la douleur persiste depuis plus de 6 mois malgré la prise d’antalgiques.

Dans les centres spécialisés, une variété de traitements existent. Des médicaments, mais aussi des pratiques de bien-être, d’hypnose, de méditation, de gestion du stress qui peuvent parfois aider. Ces structures ont également accès à des produits qui ne sont pas disponibles sur le marché comme la kétamine, un fort anesthésiant utilisé à petite dose pour soulager les douleurs qui résistent à toute autre forme de traitement.

Enfin, l’Académie de médecine, qui souligne l’importance de conserver ce réseau de centres de traitement de la douleur en état, préconise aussi de continuer les recherches médicales sur le sujet.