Le marché porteur du transfert d'argent par smartphone vers les pays en développement
Depuis une décennie, les « fintechs » (des entreprises mêlant activités financières et technologie mobile) et des opérateurs mobiles gagnent régulièrement des parts de marché face aux géants américains comme Western Union ou MoneyGram. Ces jeunes pousses offrent des services de transfert d’argent par smartphone et/ou internet. Elles se disputent ce marché très lucratif.
Des start-up rachetées par des géants du web
Certaines start-up ont été rachetées par des mastodontes du web. Par exemple, WorldFirst a été absorbée en début d’année par Ant Financial, une branche de l’entreprise chinoise Alibaba, pour la somme de 700 millions d’euros. De son côté, l’entreprise américaine PayPal avait racheté dès 2015 Xoom pour près de 900 millions d’euros.
Des jeunes pousses en forte croissance
D’autres sociétés restent indépendantes. C’est le cas de l’entreprise anglaise Transferwise dont la valorisation atteint 3,5 milliards de dollars. L’entreprise indique être rentable. Même vitalité du côté de WorldRemit, fondée en 2010, qui cherche à séduire en priorité les populations migrantes et a aussi levé près de 400 millions de dollars.
L’Afrique : un marché convoité
Parmi ces entreprises en forte croissance, la société américaine Remitly a décidé de s’unir au printemps dernier avec l’opérateur Ria. Les géants des télécoms sont bien placés sur ce marché, c’est le cas de Vodafone avec son système M-Pesa, bien implanté sur le continent africain, mais aussi du Sud-Africain MTN et de l’opérateur hexagonal Orange, unis depuis 2018 pour étendre leurs services de transfert d’argent par mobile en Afrique.
689 milliards de dollars transférés dans le monde en 2018
Le secteur offre un beau potentiel de croissance : en 2018, le volume de transferts d’argent à l’échelle de la planète entre particuliers représentait 689 milliards de dollars, d’après une étude de la Banque mondiale, dont 529 milliards dans les pays en développement, soit une progression de 9,6 % sur une année.
Le coût pour un envoi de 200 $ s’élève à 7 % en moyenne début 2019, mais les frais peuvent franchir les 10 % vers le continent africain ou certaines îles de l’Océan Pacifique. Selon la Banque Mondiale, les banques constituent le mode de transfert le plus onéreux (11 % de frais), suivies par les bureaux de poste (plus de 7 %). L’association de consommateurs UFC-Que Choisir avait décidé de porter plainte fin 2018 contre Western Union et MoneyGram pour « pratiques commerciales trompeuses », dénonçant leurs tarifs peu transparents.
D’après une estimation de Business Insider Intelligence mise en ligne sur le blog de la Banque Mondiale, d’ici 2023, les transferts numériques constitueront 50 % de la masse totale des envois contre environ 35 % en 2018.