Les modes de consommation alternatifs continuent de se développer malgré la reprise économique
L’Obsoco (Observatoire Société et Consommation) vient de publier les résultats d’une étude menée auprès de 4 000 personnes et portant sur les modes de consommation émergents ou alternatifs. Les chiffres révélés montrent que les pratiques d’échange de services et le recours à des plateformes mettant en relation des particuliers (par exemple pour le covoiturage) qui ont émergé en période de crise économique continuent de se développer. Le point sur ces chiffres et les raisons invoquées par les participants à cette étude.
41 % des Français interrogés sont adeptes du « glanage »
Le glanage, c’est le fait de récupérer des objets mis au rebut dans la rue, avant le passage des encombrants. 41 % des Français ont déclaré avoir récupéré des objets ou des meubles dans la rue au moins une fois durant l’année 2017. Et de façon assez surprenante, les ménages aisés (qui gagnent plus de 5 000 euros par mois) le font autant que les ménages à plus faibles revenus (moins de 1 500 euros mensuels).
Le don, l’achat d’occasion et l’emprunt sont en recul
Loin de montrer une volonté de consommer plus de neuf, le recul du don, de l’achat d’occasion et de l’emprunt s’explique plutôt par la dématérialisation des produits culturels. De nos jours les personnes ont davantage recours au numérique, ayant pour la plupart délaissé les CD et les livres papier au profit de leurs équivalents numériques.
56 % des sondés utilisent des plateformes comme Netflix, pour les films et les séries TV, ou Deezer pour la musique, qui permettent d’avoir accès à leur contenu en illimité moyennant un abonnement mensuel souvent peu onéreux.
Les modes de consommation « à la demande » (via des applications sur mobile du type Uber) sont également en hausse, et progressent rapidement malgré un taux d’utilisation encore faible. Cela révèle « une demande latente de simplification du quotidien, conjuguée sur le mode de l’instantanéité, associée à un fort potentiel de développement ».
Le « fait maison » répond au plaisir de faire soi-même et au contrôle de la qualité des produits
8 Français sur 10, se disent adeptes du « fait maison » (faire ses confitures et ses conserves, avoir son propre potager, fabriquer son pain, réparer sa voiture ou encore tricoter) et plus de 50 % disent bricoler.
« C’est plus qu’une nécessité économique, c’est une volonté de consommer différemment », précise Philippe Moati, cofondateur de l’Obsoco qui évoque le « plaisir » de faire au lieu d’acheter, mais également une volonté de « contrôler » le processus de fabrication. En effet, les récents scandales concernant les produits alimentaires et cosmétiques provoquent la méfiance des consommateurs qui, en faisant eux-mêmes, s’assurent de la qualité des produits.
Autre pratique en hausse : les SEL (système d’échange local), dont le nombre d’adhérents (8 %) a doublé depuis 2012, selon l’étude.
Le paradoxe consumériste
L’étude de l’Obsoco montre aussi que la question environnementale est de plus en plus considérée au moment des achats. Plus de 26 % des Français interrogés se disent désormais « très préoccupés » par les questions d’écologie (+12 points par rapport à 2012) et 77 % affirment avoir modifié leurs habitudes de consommation en conséquence.
Toutefois, même si 86 % des personnes interrogées estiment que leur manière de consommer « nuit à l’environnement », 74 % pensent aussi malgré tout que « consommer, pouvoir acheter ce qui fait plaisir, contribue fortement au bonheur ». Ce paradoxe montre bien une prise de conscience des consommateurs, mais prouve aussi qu’ils ne vont pas complètement transformer leurs habitudes de si tôt.