Quelles sont les grandes lignes de la réforme des retraites ?
La réforme des retraites est lancée. Les grandes lignes sont déjà établies, mais quelques détails sont encore à régler. Entre système à points, âge d’équilibre ou décote, faisons le point sur la nouvelle réforme des retraites proposée par Emmanuel Macron.
Le contexte actuel
En France, il y a actuellement 42 régimes de retraite regroupant chacun une ou plusieurs catégories socioprofessionnelles. Ils sont indépendants les uns des autres et disposent de modalités différentes.
Les pensions de retraite actuelles sont calculées sur les trimestres cotisés, c’est-à-dire sur les 25 meilleures années ou sur les 6 derniers mois, suivant que le salarié ait évolué dans le secteur privé ou public. Ce mode opératoire entraîne parfois des inégalités tant sur le montant de la rente que sur son calcul.
Afin d’uniformiser les régimes de retraite, Emmanuel Macron a à cœur d’unifier le système en proposant un régime universel.
Vers un système à points
« Un euro cotisé donnera les mêmes droits à tous », c’est du moins ce qu’avait avancé le Président de la République lors de l’annonce du remaniement des retraites. Un salarié devrait normalement cumuler des points tout au long de sa carrière et non plus profiter de ses 25 meilleures années (dans le privé) ou des 6 derniers mois (dans le public).
Qui sera concerné par la retraite à points ?
Seront concernés tous les travailleurs, y compris les fonctionnaires, dont le salaire n’excède pas 10 000 € brut mensuels, primes incluses. Aujourd’hui, celles-ci ne sont pas prises en compte.
Pour les retraités actuels en revanche, rien ne changera, ils resteront sur l’ancien modèle. Ce sera également le cas des actifs étant à moins de 5 ans de la retraite au moment de l’adoption de la loi.
À quel âge sera-t-il possible de partir à la retraite ?
L’âge du départ à la retraite sera maintenu à 62 ans. Emmanuel Macron en a fait son cheval de bataille en annonçant la réforme. Cela étant, pour les personnes ne souhaitant pas s’arrêter, un « âge d’équilibre » sera mis en place. De même, des « incitations à travailler davantage » pourraient être exploitées.
Ces décotes et surcotes seront possibles en fonction des trimestres cotisés, servant de référence pour le calcul de la pension de retraite dite « à taux plein ». À noter que cette notion disparaîtra dans le nouveau calcul à points puisque la durée de cotisation n’aura plus lieu d’être.
Jean-Paul Delevoye, haut-commissaire à la réforme des retraites indique que l’âge de départ à la retraite est effectivement fixé à 62 ans. Toutefois, l’âge dit d’équilibre est fixé à 64 ans, soit 2 ans pendant lesquels un salarié peut continuer à travailler et donc cotiser.
Un système de « bonus/malus » pourrait être instauré pour amputer les pensions des personnes souhaitant partir avant ce fameux âge d’équilibre, mais qui majorerait celles des salariés souhaitant travailler plus.
Le cas particulier des veufs et enfants à charge
Les pensions de réversion dont jouissent les personnes veuves seront conservées. Elles continueront de garantir un niveau de vie acceptable lors de la perte d’un conjoint. Toutefois, le haut-commissaire n’écarte pas la possibilité de mettre en place un solde de tout compte. Cela permettrait de répartir les droits entre les ex-époux après le décès d’un retraité.
Concernant les enfants, les retraites seront majorées dès le premier enfant. Cela constitue une nouveauté, car à l’heure actuelle, les femmes ne perçoivent une majoration qu’à partir du troisième enfant. Il s’agira d’une bonification proportionnelle sous forme de pourcentage et non de système à points forfaitaires par enfant.
Que deviendront les régimes spéciaux actuels ?
Si sur le papier un euro cotisé donne les mêmes droits à tous, en pratique, les choses seront différentes. En effet, quelques cas particuliers seront toutefois conservés. Les mêmes professions jouiront des mêmes retraites.
Certains salariés conserveront une retraite anticipée. C’est le cas des fonctionnaires dits « actifs » et les métiers « régaliens » : policiers, pompiers, douaniers, personnel de prison, etc. Pour eux, le départ à la retraite sera maintenu à 57, voire à 52 ans.
Les aides-soignantes du public seront alignées sur les retraites de leurs consœurs du privé. C’est-à-dire qu’elles auront un accès au « compte pénibilité » et pourront partir à la retraite à 60 ans au mieux.
Pour les indépendants, un régime adapté sera mis en place afin d’éviter un alignement brutal. En effet à l’heure actuelle, les indépendants cotisent moins que les salariés. Pour jouir des mêmes droits que ces derniers, ils devront malgré tout accepter les mêmes prélèvements, et ce jusqu’à 40 000 € bruts de revenus annuels.