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Retour au 90 km/h sur les routes secondaires, où en est-on ?

La limitation de vitesse à 80 km/h est décriée depuis 1 an. Mais pour quelles raisons les présidents des Conseils départementaux n’ont-ils pas rétabli la vitesse maximale à 90 km alors qu’ils en ont le pouvoir ? Explications dans cet article.
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Depuis 1 an maintenant, nombreux sont les automobilistes qui critiquent la décision du Premier ministre Édouard Philippe de limiter la vitesse à 80 km/h sur les routes secondaires à double sens sans séparateur. En mai dernier, un amendement à la loi d’orientation des mobilités (LOM) permettait aux présidents des Conseils départementaux de rétablir la limitation de vitesse à 90 km/h. Mais dans les faits, cette option a été très peu utilisée. Pourquoi ?

Retour au 90 km/h sur les routes secondaires, où en est-on ?

Bilan de la limitation de vitesse à 80 km/h après 1 an

Il y a quelques mois, le Premier ministre s’accrochait au bilan positif de la limitation de vitesse à 80 km/h : « 116 vies épargnées depuis le 1er juillet sur le réseau abaissé à 80 km/h. Je suis fier de ces vies épargnées », annonçait-il en janvier dernier.

Mais les derniers chiffres parus viennent limiter les effets bénéfiques de la réduction de vitesse. « 1 515 victimes constatées au premier semestre 2019 contre 1 524 à la même période l’an dernier » peut-on lire dans Le Point. Ce bilan, bien que positif, est loin d’être à la hauteur des estimations faites par le gouvernement il y a 1 an de 350-400 morts de moins par an sur les routes.

En outre, la quantité de PV pour excès de vitesse a fortement augmenté.

Quelles sont les routes qui sont repassées à 90 km/h ?

Suite à l’impopularité de la mesure de limitation de vitesse à 80 km/h auprès de nombreux usagers de la route, appuyés par certains élus en région, un amendement a été ajouté à la loi LOM en mai 2019. Il donne la possibilité pour les Présidents des Conseils départementaux de rétablir la vitesse maximale à 90 km/h sur les routes de leur territoire.

Pourtant, selon des chiffres fournis au magazine Le Point par La Ligue des conducteurs, la limitation à 90 km/h n'a été rétablie que sur très peu de routes : « Dans le Tarn quelque 14 % des routes départementales ont pu bénéficier de la mesure ; de même que 10 % des départementales de la Haute-Marne, et 17 % des départementales de Seine-et-Marne. » C’est très peu comparé au nombre de départements favorables à l’abandon des 80 km/h.

De nombreux freins au rehaussement de la vitesse autorisée

Tout d’abord, seules les routes départementales remplissant certaines conditions peuvent voir leur limitation de vitesse rehaussée. Les routes nationales sont sous l’égide de l’État et leur vitesse maximale autorisée restera à 80 km/h, en dépit du fait qu’elles soient souvent mieux aménagées.

De plus, le CNCR (Conseil national de la sécurité routière) a également publié une liste de recommandations à destination des présidents de Conseils départementaux, comme :

  • relever la vitesse maximale autorisée seulement lorsque « les tronçons proposés [ont] une longueur de plus de 10 km, sans intersection ou traversée de hameaux »
  • installer des « séparateurs centraux sur toutes les routes dont la vitesse serait relevée à 90 km/h »
  • interdire le dépassement « par un double marquage horizontal continu avec alerte sonore » sur ces portions de route

Il s’agit de recommandations compliquées et chères à mettre en place. La ligue des conducteurs dénonce « des conditions plus irréalistes et contraignantes les unes que les autres ».

Ainsi, le fait que le Premier ministre invite « chacun » à « prendre ses responsabilités » et les nombreuses recommandations — ou restrictions — du CNCR, n’incitent pas les présidents des Conseils départementaux à rétablir la limitation à 90 km/h.