Suppression de l'ENA : qu'est-ce-qui va changer ?
L’ENA, c’est fini. Dans le cadre de la réforme de la haute fonction publique, Emmanuel Macron a annoncé la suppression de l’École nationale d’administration qui forme depuis 76 ans les hauts fonctionnaires. Pour rappel, sur les 8 présidents que compte la 5e République, 4 ont fait l’ENA : Valéry Giscard d’Estaing, Jacques Chirac, François Hollande et Emmanuel Macron ainsi que 9 Premiers ministres sur 23, dont Édouard Philippe et Jean Castex.
La suppression de l’ENA : un vieux serpent de mer
En France, ce n’est pas la première fois que la suppression de l’ENA est évoquée. Dans un pamphlet écrit en 1967 sous un pseudonyme, Jean-Pierre Chevènement, futur ministre, invente le terme d’ « énarchie ». Un mot péjoratif pour critiquer le fonctionnement de cette école que l’exécutif a essayé à plusieurs reprises de réformer.
Sous le mandat de Nicolas Sarkozy, le gouvernement prépare un décret. Mais, la réforme ne verra jamais le jour faute de temps suffisant pour faire passer une loi. Sous François Hollande, la ministre de la Fonction publique, Annick Girardin, abandonnera elle aussi le projet.
Par ailleurs, ces dernières années dans la sphère politique, ils sont de plus en plus nombreux à s’être attaqués à l’école publiquement. En 2007, à l’occasion de la campagne présidentielle, François Bayrou se positionne en faveur de sa fermeture. En 2016, Bruno Le Maire, pourtant issu de cette école, promet de supprimer l’ENA s’il est élu président de la République.
Emmanuel Macron a changé d’avis
En 2017, Emmanuel Macron alors candidat à l’élection présidentielle défend l’ENA et refuse de la supprimer. Toutefois, il affirme vouloir réformer le système scolaire, car selon lui, « le vrai scandale », c’est qu’il y ait peu « d’enfants d’ouvriers et de paysans » qui intègre cette école (1 fils d’ouvrier sur 82 élèves pour la promotion 2019-2020).
Mais avec la crise des Gilets jaunes, le président de la République change d’avis. En avril 2019, il annonce son désir de supprimer cette école afin de « bâtir quelque chose qui fonctionne mieux ». De plus, le chef de l’État commande une mission d’information à Frédéric Thiriez concernant la Haute fonction publique. Dans ses conclusions remises en février 2020, le juriste préconise de remplacer l’ENA par une EAP (École d’administration publique).
Alors, que prévoit la réforme ?
Concrètement, l’ENA telle qu’on la connaît actuellement n’existera plus. Si les étudiants continuent de passer un concours d’entrée, il sera plus méritocratique. Le chef de l’État souhaite attirer des profils plus diversifiés, notamment issus des universités françaises.
Le classement de sortie sera également revu. Les élèves ne pourront plus intégrer directement les grands corps de l’État comme la Cour des comptes ou le Conseil d’État. « Tout le monde devra d’abord faire ses preuves », a expliqué Amélie de Montchalin, la ministre de la Transformation et de la Fonction publiques dans le Figaro.
Autre modification de taille, le nom « ENA » va disparaître et sera remplacé par « Institut du service public ». Enfin, concernant la formation, il y aura un tronc commun aux 13 écoles de service public. Autrement dit, tous les étudiants seront formés avec des références communes.
Une ordonnance devra être publiée avant le 7 juin 2021. Puis, l’Institut devrait ouvrir le 1er janvier 2022, toujours à Strasbourg. Ainsi, les élèves qui préparent le concours de l’ENA cette année intègreront l’ISP dans quelques mois.