Faux billets de 20 € : comment les reconnaître ?
À l’heure actuelle, les commerçants doivent être particulièrement attentifs et redoubler de vigilance, car une escroquerie aux faux billets de 20 € sévit dans plusieurs régions de France. En effet, de fausses coupures de 20 €, en vente libre sur internet, ne cessent de se multiplier et certains escrocs n’hésitent pas à les utiliser pour effectuer des paiements dans plusieurs commerces. À l’origine, ces faux billets fabriqués en Chine sont destinés au cinéma, au théâtre, aux spectacles ou encore aux jeux. Face à cette recrudescence, les autorités commencent à s’inquiéter et tiennent à alerter les commerçants sur la libre circulation de cet argent fictif bien reproduit, mais facilement reconnaissable. Faisons un point sur l’arnaque aux faux billets de 20 € et la manière d’authentifier les vraies coupures grâce aux signes de sécurité.
De fausses coupures de 20 € en vente libre sur internet
Le billet de 20 € est l’une des coupures les plus couramment utilisées par les 341 millions de personnes habitant les 19 pays de la zone euro (Allemagne, Autriche, Belgique, Chypre, Espagne, Estonie, Finlande, France, Grèce, Irlande, Italie, Lettonie, Lituanie, Luxembourg, Malte, Pays-Bas, Portugal, Slovaquie et Slovénie). Cette coupure bleue a été mise en circulation en 2002 par la BCE (Banque centrale européenne).
Il faut savoir que les billets en euros figurent parmi les plus fiables au monde, avec plus de 10 signes de sécurité apparents (filigrane, hologramme, encre ultra-violette, etc.). La Banque de France estime que moins d’un billet sur 33 000 est faux. Pourtant, malgré la complexité, voire l’impossibilité de les reproduire à la perfection, certains escrocs n’hésitent pas à contrefaire la monnaie fiduciaire et des milliers de faux billets se retrouvent en libre circulation chaque année, surtout les coupures de 20 et 50 €.
Actuellement, une escroquerie aux faux billets de 20 € a lieu un peu partout en France. Cet argent contrefait est en réalité destiné au monde du cinéma pour des tournages de films ou de séries, aux pièces de théâtre, aux spectacles de magie ou aux jeux de société. C’est pourquoi il est possible de les acheter légalement sur des sites marchands référencés sur internet.
Les escrocs ont donc profité de l’occasion pour commander facilement de nombreuses liasses de faux billets afin de payer les commerçants. Ils ciblent essentiellement les petits commerces, les bars-tabacs, les boîtes de nuit, les marchés, les vide-greniers, etc. Ces dernières semaines, le phénomène a pris de l’ampleur et touche de nombreux départements français : le Nord, le Pas-de-Calais, le Limousin, la Charente, les Côtes-d’Armor, la Martinique, etc.
C’est la raison pour laquelle la CPTM (Cellule de prévention technique de la malveillance) du groupement de gendarmerie départementale des Pyrénées-Orientales a publié le 22 mai 2019 sur son compte Facebook une mise en garde sur l’escroquerie des faux billets de 20 €. Elle tient également à préciser que ces coupures factices sont des imitations des billets de la première édition mise en circulation par la BCE à partir de 2002.
Comment reconnaître les faux billets de 20 € ?
Éric Bertrand, chef de l’OCRFM (Office central pour la répression du faux monnayage), a expliqué au Parisien que « plusieurs centaines de billets sont arrivés au comptoir de la Banque de France depuis le début de l’année. Ce qui signifie qu’ils ont été écoulés ».
À première vue, ces faux billets de 20 € ressemblent beaucoup aux vraies coupures (même taille, couleur quasi identique, etc.), mais ils présentent certaines caractéristiques qui permettent de les reconnaître facilement.
Tout d’abord, la mention « This is not legal. It is to be used for motion props only » apparaît en dessous des initiales de la BCE écrites dans toutes les langues officielles de l’Union européenne (BCE, ECB, EZB, EKT et EKP). Cette phrase signifie « Ce n’est pas légal. Ce billet doit être utilisé comme accessoire » et se trouve sur le côté gauche du billet.
Ensuite, la mention « Movie money » (« Argent destiné aux films ») est également présente sous le drapeau européen. Normalement, la signature de l’un des trois premiers présidents de la BCE doit apparaître sous la fameuse bannière ornée de 12 étoiles d’or disposées en cercle sur un fond azur. En d’autres termes, si la signature du premier président de la BCE, Wim Duisenberg (1er juin 1998 - 1er novembre 2003), celle du deuxième président, Jean-Claude Trichet (1er novembre 2003 - 31 octobre 2011), ou celle du président actuel, Mario Draghi (depuis le 1er novembre 2011) n’apparaît pas, le billet est un faux.
Les conseils des autorités pour vérifier l’authenticité des billets
Les autorités tiennent à prémunir les commerçants de cette escroquerie aux faux billets de 20 € en prodiguant quelques conseils avisés. L’objectif principal est de les sensibiliser et les appeler à faire preuve de vigilance, surtout auprès des clients de passage.
Dans un premier temps, les commerçants doivent veiller à ne jamais perdre le ou les billets de vue lors de la transaction. Ensuite, il ne faut en aucun cas que les commerçants se laissent distraire par un éventuel complice. Les escrocs ne manquent jamais d’imagination pour réaliser leurs méfaits.
Enfin, sans doute le conseil le plus important, les commerçants ne doivent surtout pas encaisser l’argent avant d’avoir contrôlé au préalable l’authenticité des billets. Pour cela, il suffit de vérifier la présence des signes de sécurité avec la méthode « TRI » (Toucher, regarder, incliner). Cette technique est simple, rapide et très efficace pour authentifier les vrais billets.
- Le « toucher » permet de sentir manuellement la texture ferme et le craquant du papier fabriqué en coton, de même que les petites lignes en relief imprimées en relief sur les bordures de chaque côté du billet (ce système permet aux malvoyants de reconnaître le billet). Un effet de relief est également présent sur le motif principal, les lettres et le chiffre indiquant la valeur du billet.
- Le « regarder » offre la possibilité de voir le portrait de la princesse Europe par transparence, la pastille holographique (la valeur du billet et le motif architectural se distinguent alternativement avec les couleurs de l’arc-en-ciel) ou encore le fil de sécurité (bande verticale noire sur laquelle sont inscrits le symbole de l’euro et la valeur du billet en chiffres blancs de très petite taille).
- L’« incliner » permet de distinguer clairement tous les détails qui se trouvent sur la bande holographique argentée, à savoir la valeur du billet, le symbole € et une reproduction du motif architectural du billet. Dans le coin inférieur gauche du billet, le « nombre émeraude » passe du vert émeraude au bleu profond. Dans l’hologramme présent sur les nouveaux billets de 20 à 200 € de la série Europe, une fenêtre avec le portrait de la princesse Europe et des reflets aux couleurs de l’arc-en-ciel apparaît.
Au-delà des caractéristiques visuelles faciles à voir à l’œil nu, le meilleur moyen d’authentifier un billet est d’utiliser une lampe infrarouge ou une lampe à rayons ultra-violets (lampe UV simple ou spéciale). Vous pouvez également vous munir d’une loupe et regarder les micro-impressions (série de lettres minuscules présentes sur certaines parties du billet qui doit être nette).
Il est important de préciser que cette arnaque concerne aussi des coupures de 5 et 50 €.
Si vous êtes victime de cette escroquerie, n’hésitez pas à le signaler le plus rapidement possible à la police ou à la gendarmerie en composant le 17.
Les sanctions encourues par les faussaires de billets
En cas de contrefaçon ou de falsification de pièces de monnaie ou de billets de banque ayant cours légal en France, la loi prévoit des sanctions lourdes et particulièrement dissuasives. Selon l’article 442-1 du Code pénal, les escrocs risquent une peine d’emprisonnement de 30 ans et une amende de 450 000 €.
Concernant les personnes qui transportent, mettent en circulation ou détiennent des « signes monétaires contrefaisants ou falsifiés » en vue d’une mise en circulation, elles encourent 10 ans de prison et 150 000 € d’amende.
La détention de tout instrument, programme informatique ou tout autre matériel nécessaire à la fabrication de faux billets de banque ou pièces de monnaie est passible de 2 ans d’emprisonnement et 30 000 € d’amende.
Si une personne a découvert que l’argent qu’elle a reçu est faux et qu’elle le remet volontairement en circulation, elle risque une amende de 7 500 €.
À cela s’ajoute l’interdiction des droits civiques, civils et de famille, l’interdiction d’exercer un métier de la fonction publique et l’interdiction de séjour pour les étrangers, soit pour une durée de 10 ans, soit à titre définitif.
Une nouvelle série de billets pour lutter contre la falsification
Dans le cadre du renouvellement progressif des coupures de la monnaie européenne lancé en 2013, la BCE a introduit progressivement une nouvelle série de billets baptisée « Europe » en hommage à la princesse Europe, fille d’Agénor (roi de Tyr et de Téléphassa), personnage de la mythologie grecque qui a donné son nom au Vieux Continent.
Le premier billet de la nouvelle série mis en circulation a été celui de 5 € (2 mai 2013), puis le billet de 10 € (23 septembre 2014), de 20 € (25 novembre 2015) et le billet de 50 € (4 avril 2017). Les coupures de 100 € et 200 € ont été mises en circulation dans la zone euro à partir du 28 mai 2019.
L’objectif principal de cette nouvelle série est de lutter contre le faux monnayage et faire face à l’amélioration des techniques de falsification. William Lelieveldt, porte-parole de la BCE, a tenu à expliquer que « cette nouvelle série comporte des fonctionnalités de sécurité améliorées qui contribueront à mieux lutter contre la contrefaçon ».
Effectivement, ces nouveaux billets utilisent des techniques innovantes afin de permettre une protection optimale. Dans cette optique, quelques modifications ont été apportées, comme un portrait de la princesse Europe (difficile pour les faussaires de reproduire un visage), des bandes holographiques ou encore la variation de couleur.
D’autres détails ont également été ajoutés : une carte avec les nouveaux pays de l’UE (Chypre et Malte), le mot « EURO » qui apparaît dans les 3 alphabets officiels de l’UE, à savoir le latin (« EURO »), le grec (« EYPΩ ») et le cyrillique (« EBPO »), et la présence de 9 sigles de la BCE au lieu des 5 présents sur les anciens billets (BCE, ECB, ЕЦБ, EZB, EKP, EKT, EKB, BĊE et EBC).
Dans certains magasins, il y a eu un problème de transition entre l’ancienne et la nouvelle série de billets. En effet, de nombreux commerçants sont munis de détecteurs de faux billets, mais certains d’entre eux sont programmés pour authentifier les coupures de l’ancienne génération. Par conséquent, ces détecteurs déclarent systématiquement que les nouveaux billets sont des faux. À la vue du verdict de l’appareil, les commerçants souhaitent ne prendre aucun risque et préfèrent refuser le paiement. Pour éviter que ce malentendu ne se reproduise, il est nécessaire que les commerçants mettent à jour leur détecteur ou en achètent un nouveau adapté aux coupures de la série Europe.