Modifier les dates de péremption pour éviter le gaspillage alimentaire
Mardi 16 octobre 2018 se tient la journée nationale de lutte contre le gaspillage alimentaire. Chaque année, 10 millions de tonnes de produits alimentaires sont jetées, dont 33 % durant la phase de consommation. À l’origine de ce gaspillage : le manque de clarté concernant les mentions relatives aux dates de péremption des produits qui engendre 20 % du gaspillage des foyers. La réforme des dates de péremption s’avère être ainsi, pour différentes associations, une nécessité. Le point dans cet article.
Les dates de péremption nécessaires, mais confuses
Les dates de péremption ont été instaurées dans le but d’éviter aux consommateurs l’intoxication alimentaire, qui dans les années 1950-1960, faisait encore des milliers de morts en France. L’État a donc décidé à l’époque, malgré la grogne des industriels de l’agroalimentaire, de réglementer le secteur. Ce n’est qu’en 1984 que les dates de péremption sont apparues sur les produits alimentaires, y compris sur les denrées non périssables. C’est pourquoi il existe aujourd’hui différentes mentions.
Certaines denrées ont une DDM (Date de durabilité minimale). C’est-à-dire qu’à compter de la date mentionnée sur l’emballage elles perdent de leurs qualités gustatives, mais restent comestibles (pâtes, riz, sucre...). Elles sont donc sans danger pour la santé et portent la mention « à consommer de préférence avant le ».
D’autres produits ont une DLC (Date limite de consommation) à respecter (viandes, poissons...). Au-delà de cette date, ils présentent des risques pour la santé du consommateur. Les mentions « à consommer avant le » ou « à consommer jusqu’au » leur sont associées.
Ces formulations apparaissent dépassées aux yeux de Rose Boursier-Wyler, collaboratrice de « Too Good To Go », une application mobile destinée à lutter contre le gaspillage alimentaire. Trop confuses, manquant parfois de légitimité, les dates de péremption doivent être révisées selon la fondatrice de l’application, Lucie Basch. Cette dernière vient ainsi de lancer une pétition intitulée #ChangeTaDate pour que les industriels et les distributeurs « clarifient leurs dates de péremption ».
Les solutions avancées pour améliorer les dates de péremption
Les membres de « Too Good To Go » ont organisé jeudi 11 octobre une table ronde avec différents acteurs de la chaîne alimentaire. L’objectif était d’élaborer une « feuille de route » pour le gouvernement qui, dans le cadre du projet de loi Alimentation adopté par le Parlement le 2 octobre 2018, doit publier dans 1 an un rapport sur l’harmonisation des dates de péremption.
Pour Anne Legentil, membre de l’association Familles rurales, ces dates doivent apporter « une véritable information » aux consommateurs. La DDM doit ainsi clairement préciser que les produits restent comestibles même lorsqu’elle est dépassée.
Dans cette optique, le groupe Carrefour — qui a signé la pétition lancée par « Too Good To Go » — demande à ses consommateurs de choisir quelle mention ils souhaiteraient voir apposer sur leurs produits :
- « À consommer de préférence avant le mm/aa, mais pas impérativement ! »
- « À consommer de préférence avant le mm/aa, parce que c’est meilleur avant ! »
- « À consommer de préférence avant le mm/aa pour une dégustation optimale ».
Les Norvégiens utilisent déjà de telles mentions.
Pour Bertrand Swiderski, directeur RSE du groupe Carrefour, allonger la DLC « sur certains produits frais ou d’épicerie », en l’augmentant « de cinq à dix jours », est une solution pour lutter contre le gaspillage alimentaire. La DLC du yaourt est par exemple passée de 23 à 30 jours.
D’autres idées ont été émises, comme celle de Mme Legentil : « Laisser un espace sur l’étiquette pour que le consommateur y écrive » la date à laquelle il a ouvert le produit. Le but étant de lui éviter de jeter des produits qu’il ne se souviendrait plus avoir ouverts.
Toutes ces solutions devront être regardées avec intérêt, notamment si la France souhaite atteindre l’objectif pour lequel a été créée la journée nationale de lutte contre le gaspillage alimentaire : réduire ce dernier de 50 % sur l’ensemble de la chaîne alimentaire à l’horizon 2025.