Retirer de l'argent chez un commerçant en cash back
Se rendre chez son buraliste pour y acheter 10 € de journaux, payer 30 € en carte bancaire et récupérer 20 € en espèces : cela s’appelle le « cash back » et cette pratique va très bientôt se développer en France. Un point sur ce nouveau service.
Principe du cash back
La directive européenne DSP2 portant sur les services de paiement inclut ces transactions dites « cash back » qui sont déjà utilisées dans plusieurs pays européens, notamment en Allemagne, en Grande-Bretagne et en Belgique.
Ce type de retrait d’espèces chez les commerçants représente actuellement 7 % du total des retraits effectués en Europe, tandis que les retraits en DAB (Distributeurs automatiques de billets) représentent 40 % des transactions.
En France, cette directive autorisant le développement du cash back sur le territoire a été ratifiée le 3 aout 2018. Mais à l’heure actuelle, une seule grande enseigne le pratique.
En outre, le montant maximal des transactions pouvant être retiré sera fixé dans un décret qui n’a pas encore été publié. On parle d’une somme qui oscille entre 100 et 150 €.
Pourquoi introduire le cash back alors que les paiements dématérialisés se multiplient ?
« Contrairement à une idée répandue, l’utilisation de l’argent liquide ne diminue pas en France », explique-t-on au ministère des Finances. En effet, en France, 55 % des transactions sont toujours effectuées en espèces et elles représentent entre 5 et 15 % du volume total.
Ainsi, la dématérialisation grandissante des modes de paiement a plutôt pour effet de provoquer une baisse considérable de l’utilisation des chèques plutôt qu’une diminution de l’usage d’argent liquide.
Le cash back devrait permettre d’atténuer les conséquences liées à la fermeture prochaine de 57 000 distributeurs automatiques de billets, principalement en zones rurales. En effet, sans ce service, les habitants ne pourront plus retirer d’argent liquide. Ce mode de transaction devrait également être plébiscité par ceux qui rencontrent des difficultés face aux nouvelles technologies.
Un autre atout du cash back serait de permettre aux familles les plus modestes de mieux contrôler leur budget. Grâce à cette pratique, elles pourront, après avoir fait leurs courses, retirer « ce qu’il leur reste » en liquide auprès de leur commerçant.
Intérêt du cash back pour les commerçants
Tout d’abord, les commerçants ne seront pas obligés de proposer un service de cash back. Ils pourront par ailleurs choisir de facturer ou non ce service.
« Ce sera à chaque commerçant de décider s’il le facture ou pas, et à quel niveau, répond Philippe Joguet, directeur à la Fédération du commerce et de la distribution. Il est possible que beaucoup de commerçants le proposent gratuitement pour attirer la clientèle. »
En Allemagne, la pratique du cash back s’est notamment développée pour des raisons de sécurité. Dans les stations-service où beaucoup de transactions s’effectuent en liquide, le cash back permet d’en écouler une partie. Toutefois, ce qui est un avantage en Allemagne pourrait avoir l’effet inverse en France et obliger certains commerçants à disposer de plus de liquidités dans leurs caisses.
En ce qui concerne la date de mise en œuvre précise de ce nouveau service, le flou demeure : les commerçants sont assez peu informés de ce nouveau service et des éventuelles contraintes techniques qui l’accompagnent : « Soit l’opération de cash back est traitée au niveau de la caisse du commerçant, soit au niveau monétique. Dans ce dernier cas, il sera nécessaire de modifier le logiciel des terminaux de paiement et le back-office des banques, ce qui prendra plusieurs mois », explique Nicolas Brand, directeur marketing du groupe Ingenico.
On compte donc sur un véritable développement du cash back à partir du début de l’année 2019.