Signaler en ligne les violences faites aux femmes depuis le 27 novembre 2018
L’année dernière, le président de la République avait annoncé vouloir faire de l’égalité homme/femme la « Grande cause du quinquennat ». Dans cette continuité, le Premier ministre et la Secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes ont inauguré mardi 27 novembre 2018, à Guyancourt, le lancement officiel du site internet de signalement de violences sexuelles ou sexistes. Le point sur ce nouvel outil.
Un portail de signalement pour « agir, protéger et entourer »
Cette plateforme, sous forme de tchat est accessible 7jours/7 et 24 h/24, via Service-Public.fr, le site officiel de l'administration française, sur pc, tablette ou smartphone.
Elle permet de dialoguer anonymement avec un policier mis à disposition pour « écouter », conseiller et accompagner les victimes vers un dépôt d’une plainte ou un accompagnement personnalisé.
Elle est aussi ouverte aux signalements de témoins qui trop souvent n’agissent pas par manque d’information.
De l’autre côté des écrans, la capitaine de police Sandrine Masson dirige la plateforme avec une psychologue et 36 policiers et gendarmes spécifiquement formés pour recueillir la parole des femmes victimes de violences sexuelles et sexistes.
« Contenir l’angoisse » pour « faire le premier pas »
Depuis le début du mouvement #MeToo en octobre 2017, le nombre de victimes de violences sexuelles est en augmentation de 23 %. Malheureusement à l’heure actuelle, seules 10 % d’entre elles vont jusqu’au dépôt de plainte.
Selon Marlène Schiappa, ces chiffres s’expliquent par une stratégie de la honte infligée par les agresseurs aux victimes qui se terrent dans le silence. Elle concède qu’il n’est pas évident de parler et espère que ce nouvel outil contribuera à un élan de libération de la parole.
Pour Nicole Belloubet, ministre de la Justice, il s’agit de faire un premier pas pour obtenir des conseils et faire condamner les agresseurs, sans devoir subir de regard.
Pour Camille Pougny, psychologue de la plateforme, l’accompagnement à distance permet de « contenir l’angoisse » pour rassurer les victimes et préparer leur arrivée au commissariat.
Des psychologues et travailleurs sociaux dans les brigades
Certaines femmes ne sont pas prêtes à franchir l’étape du dépôt de plainte et à briser l’anonymat. C’est pourquoi les agents de la plateforme feront en sorte que ces dernières soient orientées vers un accompagnement personnalisé auprès du pôle psychosocial d’un commissariat.
En effet, en plus de 261 acteurs sociaux qui interviennent régulièrement en commissariat ou gendarmerie, la police nationale a depuis 2007 renfloué ses effectifs de 73 psychologues cliniciens.
Sandrine Masson précise que les victimes pourront aussi être guidées vers l’une des 422 structures associatives partenaires présentes sur le territoire.
Des agents de police mieux formés
Une formation obligatoire et adaptée en matière de prise en charge des violences faites aux femmes vient d’être dispensée à 522 policiers et gendarmes, appelés « référents accueil ».
En effet, il était impératif que les agents de terrain soient en mesure d’optimiser le premier entretien et la coordination des services tout en ayant une approche adaptée au profil d’une victime fragilisée.
Pour les aider dans cette mission, 213 autres collègues sont désignés correspondants départementaux « d’aide aux victimes », appuyés par 414 correspondants locaux et 163 référents « violences conjugales ».
#NeRienLaisserPasser
L’année dernière, le nombre de femmes victimes de violences était en augmentation. Le ministère de l’Intérieur estime que 130 d’entre elles sont mortes sous les coups d’un homme et 93 000 ont été victimes de viol ou de tentative.
En réaction, une campagne de communication sous le slogan « Réagir peut tout changer » a été lancée le 30 septembre par le secrétaire d’État en charge de l’égalité homme/femme.
#NeRienLaisserPasser, c’est le nouveau hashtag de la campagne de lutte contre les violences faites aux femmes sur lequel on peut retrouver les derniers spots et vidéos sur la thématique.