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Nuisances sonores au travail : comment les réduire ?

Risque souvent méconnu dans le milieu professionnel, le bruit constitue un danger pour les salariés. Comment l’employeur peut-il réduire les nuisances sonores ?
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Pourtant bien réglementées, les nuisances sonores au travail sont rarement reconnues comme un danger pour la santé des salariés et de l’entreprise. Quelles sont les conséquences du bruit en milieu professionnel en France ? Que disent les experts sur ses effets sur la santé physique et psychique ? Quelles mesures l’employeur doit-il mettre en œuvre ? On fait le point.

Nuisances sonores au travail : comment les réduire ?



D’où viennent les nuisances sonores et quelles sont leurs conséquences sur les salariés ?

Quelques chiffres sur l’impact du bruit au travail

Selon le 7e baromètre sur le bruit et la santé auditive au travail publié par l’IFOP en octobre 2023, entre 45 et 60 % des actifs français déclarent souffrir du bruit au travail. Ces chiffres varient selon la tranche d’âge (52 % pour les moins de 35 ans) et l’emplacement (62 % en région parisienne).

Les conséquences des nuisances sont diverses :

  • 33 % des sondés mentionnent des difficultés de compréhension de la parole et 30 % des sifflements ou bourdonnements ;
  • plus de la moitié des actifs parlent de fatigue, lassitude, irritabilité et stress ;
  • une souffrance psychologique provoquant des problèmes de communication avec le management ainsi que des tensions et de l’agressivité dans les équipes ;
  • 50 % des actifs interrogés déclarent que les nuisances sonores ont un impact sur leur vie privée et d’autres indiquent des troubles du sommeil.

Selon une étude d’Actineo, une pollution sonore d’à peine 40 décibels a une influence négative sur vos performances cognitives.

Quels sont les secteurs les plus concernés par les nuisances sonores ?

Parmi les secteurs les plus touchés par le bruit au travail, on retrouve :

  • l’automobile avec notamment les travaux d’usinage des métaux, de forgeage ou d’assemblage ;
  • le BTP (bâtiment et travaux publics) avec l’utilisation de machines et véhicules bruyants ;
  • la métallurgie avec un niveau sonore moyen de 95 décibels dans un atelier ;
  • l’industrie agroalimentaire avec les nombreuses machines servant à la fabrication, la découpe et le conditionnement des produits alimentaires.

Dans tous ces secteurs d’activité, le port de protections auditives adaptées est obligatoire.

Cependant, la pollution sonore se retrouve aussi dans le secteur tertiaire où les nuisances sont généralement causées par un environnement de travail bruyant. Les sources de nuisances sonores peuvent être extérieures ou internes à l’entreprise. Ainsi, il peut s’agir de conversations téléphoniques ou entre collègues (notamment en open space), de bruits d’appareils (imprimantes, par exemple), de travaux dans l’entreprise ou à l’extérieur.

D’ailleurs, l’étude de l’IFOP souligne que 26 % des télétravailleurs subissent des nuisances sonores. Malgré une faible, cette gêne peut avoir de réelles conséquences et n’est pas souvent prise en compte par les employeurs.




Que disent les professionnels de santé ?

Au-delà des éventuelles conséquences du bruit sur le niveau de fatigue et de stress, les nuisances sonores génèrent un véritable risque de perte auditive et d’acouphènes, selon le Docteur Cédric Aubert, médecin du travail. En milieu professionnel, mais aussi en dehors du travail, les Français sont soumis au bruit, ce qui stimule les cellules sensorielles de l’oreille interne et peut provoquer un stress acoustique et donc une tendance à parler plus fort ainsi que des troubles de la concentration et de la compréhension. Pour éviter des dommages permanents, il est essentiel d’accorder un temps de récupération à l’oreille interne.

Jean-Charles Ceccato, Docteur et ingénieur en électronique, automatique et électrotechnique, fait remarquer que l’on fait régulièrement des tests de vue au cours de notre vie, mais très peu de tests auditifs. La France manifeste peu d’intérêt pour la santé auditive.

Les professionnels de santé s’inquiètent du fait que 18 % des Français de moins de 25 ans déclarent être très exposés, mais pas vraiment gênés par les bruits. Il faut bien noter qu’une faible perception des nuisances n’équivaut pas à un risque moindre. Par ailleurs, cette perception des bruits n’est pas seulement liée à la tranche d’âge, mais aussi à notre façon d’aborder notre santé.

Nuisances sonores au travail : comment les réduire ?

Comment protéger les salariés des nuisances sonores au travail ?

Que dit la réglementation ?

Le Code du travail encadre la prévention et les actions à mettre en place pour lutter contre la pollution sonore. En effet, le bruit fait partie des risques d’exposition au travail. La réglementation prévoit trois grandes obligations pour les employeurs :

  • des actions en amont visant à prévenir la production de bruit et les risques d’exposition en tenant compte des nuisances dès la conception des locaux et des machines et en agissant sur la propagation du bruit ;
  • l’évaluation du niveau sonore, des risques d’exposition et des ressentis des salariés avec notamment la recherche des sources de bruit et des modes de propagation ;
  • la protection des employés exposés en appliquant des mesures de protection collective et des solutions de protection individuelle. Un suivi individuel renforcé et un examen audiométrique préventif peuvent également leur être proposés.

Selon l’INRS, si un employé travaille pendant 8 heures par jour, le bruit devient dangereux à partir de 80 décibels. En effet, les effets d’une exposition à 80 décibels pendant 8 heures sont aussi graves que ceux d’une exposition à 89 décibels pendant une heure. L’exposition aux bruits peut avoir plusieurs conséquences, mais la plus grave est la surdité irréversible, qui est alors qualifiée de maladie professionnelle.

Quelles solutions supplémentaires l’employeur peut-il proposer ?

En plus des obligations légales, il est conseillé d’appliquer des règles de bonne conduite dans l’entreprise. Chacun doit veiller à limiter le bruit qu’il fait, en particulier en open space. Il faut donc :

  • parler à voix basse ;
  • mettre son téléphone en mode silencieux ou vibreur ;
  • éviter de claquer les porteurs, faire grincer les chaises ou tapoter son stylo sur le bureau ;
  • avoir des conversations avec ses collègues, au téléphone ou en visioconférence dans des salles dédiées ou dans les espaces de détente.

L’employeur peut regrouper les postes de travail qui collaborent entre eux, par exemple les services marketing et communication ensemble et la comptabilité ailleurs. Il peut aussi mettre à disposition des espaces fermés et insonorisés pour les réunions.

Autre bonne pratique à mettre en place : les temps de récupération. Pour protéger les salariés de la fatigue auditive, l’employeur peut prévoir des périodes de repos dans un environnement plus calme.

Si les salariés aiment travailler en écoutant de la musique, il est recommandé de varier les types d’écoute, en passant par exemple du casque à l’enceinte, en veillant toujours à faire des pauses.

 

Redacteur
Coline

Rédactrice, traductrice, journaliste, j’aime jouer avec les mots pour informer, émouvoir et aider les lecteurs. Au cours de ma carrière, j’ai travaillé dans les secteurs des télécommunications, de la santé, du tourisme, de l’audiovisuel, du marketing et des démarches administratives. Peu importe le sujet, le plus important pour moi, c’est de produire un contenu utile et agréable qui va réellement servir aux gens et répondre à leur besoin.