Sieste au travail : levier de productivité ou pas ?

La sieste, c’est pour les enfants ! Grossière erreur : la sieste est bénéfique à tout âge. Pour votre santé mentale et physique, mais aussi pour la productivité et la créativité au travail, la sieste mérite toute l’attention des entreprises. Alors, quels sont les bienfaits de la sieste sur notre organisme ? Comment mettre en place un temps et un espace de sieste au sein d’une entreprise ? Voici quelques conseils pour transformer la sieste en levier de productivité.

Pourquoi les entreprises devraient-elles s’intéresser à la sieste ?

La fatigue au travail et ses conséquences

On pourrait penser que si un salarié est fatigué, cela relève de sa vie personnelle. En réalité, la fatigue a de réelles conséquences sur le travail effectué. Et le manque de sommeil devient de plus en plus fréquent : selon l’Institut National du Sommeil et de la Vigilance, le temps de sommeil des Français et surtout des jeunes actifs a beaucoup diminué en l’espace de 30 ans. Environ 28 % des Français dorment moins de six heures par nuit.

S’il est ponctuel et modéré, le manque de sommeil a des conséquences limitées. En revanche, s’il est constamment réduit, on remarque des altérations de performances. La fatigue peut également provoquer du stress, une baisse de créativité, d’efficacité et de la capacité à prendre des décisions, des troubles de la mémoire ainsi qu’une augmentation de l’absentéisme, des fautes et des arrêts et accidents du travail.

Les bienfaits de la sieste

La sieste est positive pour la productivité de l’entreprise

Bien qu’elle ne soit pas souvent bien vue, la sieste n’est pas une histoire de flemme, mais un besoin naturel. Même Albert Einstein en faisait régulièrement. D’ailleurs, dans certains pays, elle est réglementée. En Chine, par exemple, la Constitution précise que les travailleurs ont droit au repos et la sieste est perçue comme un moyen d’augmenter la productivité.

Une étude de la NASA conduite sur ses pilotes a montré qu’une sieste d’environ 20 minutes permet d’augmenter les performances de 34 %, d’améliorer la vigilance de 54 % et donc de réduire les risques d’accident.

La sieste est positive pour la santé des employés

Les professionnels de la santé le disent : la sieste est bénéfique. Elle présente de nombreux avantages dont :

• une baisse du taux d’hormones liées au stress ;
• une amélioration de la concentration, de la mémoire, de la productivité, de la capacité d’apprentissage et de la créativité ;
• une réduction du stress ;
• un rééquilibrage du système nerveux ;
• une protection contre la neurodégénérescence.

La sieste est positive pour l’attractivité de l’entreprise

Certaines grandes entreprises ont donné le ton et remis la sieste au goût du jour : Renault, Sanofi, Orange, Ben & Jerry’s, Nike, Google ou encore Apple. Au-delà de la productivité, la possibilité de faire la sieste au travail se révèle être un bon argument pour attirer les talents. La qualité de vie au travail (QVT) est de plus en plus mise en avant au cours du recrutement et pour fidéliser les employés.

Comment mettre en place la sieste sur le lieu de travail ?

Communication et sensibilisation auprès des employés

Il ne suffit pas de créer une salle de sieste pour intégrer ce temps de repos dans le fonctionnement d’une entreprise. Il faut rassurer les employés sur leur droit de l’utiliser. Sinon, vous risquez d’avoir une salle de repos qui ne servira pas à faire la sieste. Il est donc nécessaire de mettre en place une campagne de communication et de sensibilisation auprès de l’ensemble des membres du personnel.

Cet échange avec les salariés commence dès le début du projet. Pour éviter les débordements et les conflits, vous pouvez organiser une consultation pour connaître leurs besoins, définir des horaires, instaurer des règles et tout simplement recueillir leur opinion. Grâce à toutes les informations collectées, vous pourrez rédiger une charte de sieste.

Temps de travail et de repos

Si l’on parle de sieste au sens global, il existe en réalité trois types de siestes :

• la sieste longue qui dure au moins 1h30, c’est-à-dire un cycle de sommeil complet ;
• la sieste courte qui dure entre 15 et 20 minutes et correspond à un épisode de sommeil lent et léger ;
• la micro-sieste qui dure entre 5 et 10 minutes. Bien que rapide, cette pause permet d’enrayer la somnolence et de repartir plus reposé.

Sans surprise, ces deux dernières catégories sont les plus pratiquées sur le lieu de travail.

Bon à savoir : vous avez des tendances insomniaques ? Privilégiez la micro-sieste pour mieux dormir la nuit.

Pour que la sieste soit adoptée dans votre entreprise, vous devez faire en sorte qu’elle s’insère bien dans la journée de travail. Les employés doivent sentir qu’ils ont le droit et le temps de se reposer.

Espace dédié à la sieste en entreprise

Tout comme pour la préparation des conditions de sieste, la conception de l’espace de sieste doit faire l’objet d’une réflexion. Vous pouvez vous appuyer sur les réponses à la consultation ou faire un sondage ou un questionnaire spécifique. Vous devrez choisir le matériel, l’environnement, l’éclairage et la décoration.

Exemple de salle de sieste : dans les locaux de Renault situés dans les Hauts-de-Seine, un « Calm Space » a été aménagé pour que les salariés puissent faire une courte sieste ou juste se reposer. Il s’agit de petites salles équipées de rideaux où est diffusée une musique douce. Les employés peuvent s’y rendre pendant 20 minutes, entre 9h et 20h.

Existe-t-il des lois concernant la sieste au travail ?

À ce jour, aucune loi ne réglemente la sieste au travail en France. C’est donc à l’entreprise de définir les règles et conditions de la sieste au bureau.

Dans tous les cas, l’employeur doit garantir la sécurité des salariés (matérielle, mais aussi psychologique, comme en cas de harcèlement). L’entreprise doit proposer un local et un matériel adapté, établir une charte et veiller à l’égalité de traitement de tous les employés.

Si la sieste est proposée au travail, elle ne peut en aucune circonstance être imposée. C’est une option dont disposent les salariés.

Bon à savoir : la loi française ne dit rien sur la sieste, mais le fait de s’endormir au travail peut être considéré comme une faute par l’employeur. Cela dépend bien entendu de votre poste et de vos responsabilités. En 2000, un moniteur de sport s’est endormi à son poste et a laissé sans surveillance des enfants handicapés ayant entre 7 et 10 ans. Il a été licencié pour faute grave.